Les aliments à éviter pendant la grossesse


Isabelle Huot, Dre en nutrition

La nouvelle d’une grossesse est un événement des plus heureux dans la vie d’une femme.  Pour plusieurs par contre, la grossesse vient avec une série de deuils alimentaires, des aliments auxquels elles devront renoncer au cours des prochains mois. Quels sont les aliments à éviter durant la grossesse et pourquoi sont-ils problématiques ? 

 Alcool zéro !

L’alcool ingéré par la mère peut traverser la barrière du placenta et être absorbé par le fœtus. L’excès d’alcool est associé au syndrome d’alcoolisation fœtal (SAF), lequel entraîne chez les bébés atteints des retards de croissance et de développement du cerveau. Comme on ne connaît pas la quantité d’alcool exacte qui est problématique, on ne peut que prôner l’abstinence complète. 

Café, en doses modérées

Devez-vous absolument renoncer à votre latté quotidien ? Bonne nouvelle, la réponse est non ! Santé Canada recommande aux femmes enceintes de ne pas dépasser 300 mg de caféine par jour. Un espresso apporte 80 mg de caféine, une tasse (250 ml) de café filtre, de 120 à 180 mg. Le thé, le chocolat, les colas, le guarana (retrouvé dans les boissons énergisantes) sont d’autres sources de caféine. Pour celles qui seront tentées de troquer leur café matinal par une tisane ou autres boissons à bases de plantes naturelles, mieux vaut être prudente, car plusieurs herbes peuvent être nocives pour la santé du foetus.  Plusieurs plantes n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’études pour les consommer librement. Certaines stimulent l’utérus, d’autres ont un effet hormonal ou encore augmentent le temps de saignement. Parmi les tisanes que l’on peut consommer sans risque, nommons celles au gingembre, bien utiles en cas de nausées.  

Édulcorants, des substituts qui valent la peine ?

Les édulcorants et substituts de sucres seront aussi à surveiller pendant la grossesse. Tous ne sont pas égaux en termes de risque ! La consommation d’aspartame, d’acésulfame-potassium et de sucralose ne semblent pas associés à un risque pour la mère et l’enfant. De leur côté, le cyclamate et la saccharine ont déjà soulevé des risques, on conseille alors de les éviter pendant la grossesse. Quant au stévia, un substitut de sucre naturel, son arrivée est trop récente pour confirmer son innocuité chez la femme enceinte. Si Santé Canada n’émet pas de doutes sur la sécurité de la majorité des édulcorants, je préfère les vrais sucres. Le miel et le sirop d’érable constituent des sucres naturels que l’on peut utiliser avec parcimonie. En limitant sa consommation de sucres ajoutés, nul besoin de se tourner vers les édulcorants lesquels entretiennent le goût du sucre.

Prévenir les toxi-infections alimentaires

La femme enceinte est plus vulnérable aux toxi-infections. Même si les conséquences d’une intoxication alimentaire sur la mère sont minimes, on ne peut en dire autant du risque pour le fœtus. Avortement spontané, fausse couche, malformations physiques, retards mentaux comptent parmi les risques associés. 

Les bactéries Listéria, Salmonella et E Coli peuvent contaminer plusieurs aliments tels que :

  • Poisson fumé réfrigéré
  • Lait cru ou non pasteurisé
  • Fromages à pâte molle et fromages non pasteurisés
  • Viandes prêtes à manger (pâté, charcuteries, saucisses à hot-dog) 
  • Viandes crues ou mal cuites
  • Eau non traitée
  • Jus/cidre non pasteurisés

Par précaution, on évitera ces aliments.

Certains aliments et certaines situations augmentent considérablement les risques de développer une toxi-infection alimentaire chez la femme enceinte : 

  1. Boire de l’eau provenant d’un puits et/ou qui n’a pas été préalablement traitée. Il n’est pas nécessaire de boire seulement de l’eau embouteillée, mais il faut être prudente dans certains lieux (campagne, voyages à l’extérieur du pays, etc.). 
  2. Consommer des poissons ou viandes crues en sushi ou en tartare. Même s’ils sont préparés avec la plus grande vigilance et avec des produits les plus frais, les aliments crus sont un terrain fertile pour les bactéries qui peuvent rapidement s’y propager.
  3. Le lait et les fromages non pasteurisés peuvent aussi représenter un risque. Mieux vaut les éviter.
  4. Le miel et le jus de pommes non pasteurisés peuvent aussi être dangereux pour la santé et le développement du bébé.
  5. Les charcuteries séchées et non cuites comme le salami ou le prosciutto doivent être cuits afin d’éliminer tout risque de toxi-infection.
  6. Les œufs crus présents dans une mayonnaise maison, une vinaigrette, une meringue non cuite ou encore un smoothie maison peuvent représenter un risque pour la santé.
  7. Les fruits et légumes qui ne peuvent être lavés adéquatement comme les germinations ou les pousses sont aussi à éviter.
  8. Attention à la contamination croisée ! La très grande majorité des toxi-infections alimentaires sont dues à une mauvaise manipulation et/ou conservation des aliments. Il faut redoubler de prudence dans la préparation de ses repas.

 

L’ABC de la sécurité alimentaire à la maison

Pour minimiser son risque de contracter une bactérie, mieux vaut adopter certaines règles

 

  1. Toujours bien nettoyer son espace de travail et désinfecter les planches à découper.
  2. Laver tous les fruits et légumes à l’eau courante (les savons vendus à cet effet ne sont pas plus efficaces que le lavage à grande eau).
  3. Se laver les mains (incluant sous les ongles) soigneusement.
  4. Éviter de manipuler des aliments crus et cuits sur les mêmes surfaces.
  5. Cuire adéquatement les viandes. La viande hachée doit toujours être bien cuite et on ne peut se fier à sa couleur pour valider la cuisson. Seul un thermomètre nous permet de s’assurer que la température interne est adéquate. Dans le cas du bœuf haché ou de la viande attendrie, on recherche une température de 71ºC (160ºF).

Grossesse : un moment de choix pour revoir ses habitudes alimentaires

Malgré la liste exhaustive de restrictions alimentaires durant la grossesse, la majorité des aliments ne posent aucun problème et peuvent être mangés librement. Une grossesse c’est aussi l’occasion de revoir ses habitudes alimentaires et pourquoi pas de manger mieux pour sa santé et celle de son enfant ? Rencontrer une nutritionniste pour revoir ses habitudes alimentaires et profiter pleinement de cette belle période est assurément une démarche gagnante. Beaucoup de mamans seront ainsi rassurées et vivront une grossesse sans stress en étant si bien accompagnées !